Bad Day |PV|

C’était encore une de ces journées.
Une de ces journée qui commence mal et qui terminera de la même manière à coup sûr. Tout ce qu’on a à faire, c’est attendre qu’elle se termine en priant pour que tout ne soit pas complètement merdique.
Comme presque tous les soirs, Zeke s’était endormit dans le sofa défoncé de l’appartement qu’il louait avec une bouteille de bière dans la main –bouteille qui avait finit par tomber sur la moquette sale y déposant une marque indélébile- laissant la télé tourner et sa cigarette se consumer dans le cendrier.
Lorsqu’il avait reprit conscience, le crâne douloureux et la bouche pâteuse, il faisait déjà clair au-dehors et les rayons du timide soleil de ce mois de Décembre filtraient insidieusement à travers les stores de sa fenêtre.
C’était encore une de ces journées qui commençait par une gueule de bois et des hurlements hystériques dans la chambre d’à-côté.

Zeke avait enfoui sa tête dans son oreiller complètement plat et inconfortable, le repliant sur ses oreilles dans l’espoir vain de parvenir à couvrir les cris qui s’élevaient. Apparemment Brian avait encore découché cette nuit et sa petite-amie n’était pas ravie et était bien décidé à le faire savoir au monde entier…ou alors c’était une conspiration et elle faisait ça uniquement pour lui pourrir la vie.
Après quelque longues minutes, pestant comme un beau diable à son tour, il s’était redresser et s’était mit à frapper sur le mur en lui intimant l’ordre de « fermer sa grande gueule de salope mal baisée ». Evidemment, ça n’avait servit qu’à la faire crier plus fort…
Résigné, le jeune homme avait finit par abandonner l’idée de se recoucher.
Il s’était donc levé et d’un pas maladroit, s’était approché de la fenêtre pour observer le décor. Zeke avait ensuite écarté les stores mais il regretta bien vite son geste... Tout était trop blanc pour ses pauvres yeux clairs fatigués.
Il avait pourtant retenté sa chance une poignée de secondes plus tard, posant son regard vers le ciel dégagé…ça allait être une journée merdique. Et comme pour confirmer ses dires, un piaf vint déféquer sur le rebord de sa fenêtre.
Typique.

Il avait jeté un dernier coup d’œil au dehors, admirant la superbe rangée de bennes à ordure qu’il pouvait voir depuis sa chambre, puis s'était dirigé d’un pas traînant vers la salle de bain, passant distraitement sa main dans ses cheveux mal peignés.
Le jeune homme avait pénétré dans la salle d’eau et, après avoir allumé le néon (seul source de lumière de la minuscule pièce), avait entreprit de se déshabiller avant de se glisser sous la douche.
C’était une de ces journées sans eau chaude…

Une fois habillé, coiffé et maquillé, il était retourné dans le salon/salle à manger/chambre à coucher/cuisine et avait ramassé le cadavre de sa meilleure amie qui traînait sur la moquette près du canapé avant d’aller se servir un bon petit-déjeuner.
Zeke avait donc ouvert le frigo, s'était choisit une nouvelle amie dans son pack de six, s'était servit un bol de céréale mous et sans goût avant de grimper sur le plan de travail pour avaler son fructueux repas.
Il avait attrapé son paquet de cigarettes, la bouche pleine…mais c’était une de ces journées où il était à cours de clope.

Son déjeuné avalé, il s’était diriger vers la table basse et s’était saisit de son portable. 10h47. Il avait déjà manqué plusieurs heures de cours. L’autre pimbêche de directrice allait encore lui tomber dessus à coup sûr…
Il avait soupiré, avait enfilé sa veste de cuir, attrapé son sac en bandoulière noir et avait quitté sa chambre sans un regard en arrière.
Mais à peine eut-il mit le nez dehors que déjà, il avait envie de retourner boire et s’endormir sur son sofa déglingué…

Il détestait l’hiver, n’aimait ni le vent, ni la neige et surtout pas le froid qu’elle emmenait avec elle. Et dire que certains trouvaient ça magnifique ! S’il croisait encore une personne qui lui affirmait que la neige c’était super, il allait lui mettre la tête dedans jusqu’à ce que mort s’en suive !!!
Grommelant et maudissant l’hiver et son lot de problème, le jeune homme avait sorti ses clés de la poche de sa veste et s’était engouffré dans sa voiture, sagement garée sur le parking du motel.
Heureusement, ça n’était pas un de ses jours où sa vieille Ford de location refusait de démarrer.

Zeke était arrivé à l’école une bonne dizaine de minutes plus tard et il avait garé sa caisse entre deux voitures de collection...difficile de faire autrement, tous ses joyeux camarades de classe amateurs de neige étaient des gosses de riches pourris gâtés.
Après ça, ne prêtant pas attention aux regards amusés qui se posaient sur lui ni aux remarques débiles qu’il pouvait entendre sur son passage, il s’était dirigé vers son casier d’un pas rapide, la tête haute.
Il avait fourré les livres dont il aurait besoin dans sa sacoche, attrapé le bouquin qu’il lisait en ce moment, puis refermé la petite porte métallique du casier avant d’aller s’installer dans un coin du couloir, quasiment désert à cette heure.

Il savait que dans quelques minutes, il fourmillerait de monde, que tout le monde se bousculerait bêtement pour rejoindre sa salle de classe, que le calme disparaîtrait pour laisser place à un brouhaha agaçant causé par les conversation plus que futile des étudiants. Etre un paria se révélait alors être un énorme avantage. Tout le monde vous foutait la paix, personne n’essayait de venir vous faire la conversation et vous pouviez faire absolument tout ce que vous vouliez. De toute manière, vous étiez bizarre quoi que vous fassiez.
Installé en tailleur à même le sol, adossé au mur, il ouvrit son livre à la page qu’il avait corné la veille, et tenta de reprendre sa lecture là où il l’avait laissé.

Mais Zeke entendit bientôt des pas s’approcher dans le couloir. Pressés et réguliers.
Il ne leva pas les yeux de son bouquin, priant intérieurement pour que l’inconnu se contente de passer son chemin.
Mais c’était une de ces journée évidemment...

La jeune femme faisait un rêve plutôt macabre et effrayant. Peut-être n'était-ce pas une bonne idée de visionner des films d'horreurs avant d'aller dormir. Bref, elle se trouvait dans les couloirs de l'école et se faisait poursuivre par un garçon sans tête qui trainait un long couperet derrière lui. C'était plutôt horrible et au moment où il allait lui trancher la tête après avoir réussi à la rattraper, plus rien. Le noir total et ..Kaylie avait été réveillée par son téléphone. Mais pas de n'importe qui! Josh lui avait envoyé un SMS. Heureusement qu'il l'avait fait et qu'il l'avait, par la même occasion, réveillée car elle aurait ratée son cours. En roulant sur son lit en direction de sa table de chevet d'où provenait le bruit infatiguable de son cellulaire, Kay' réussit à s'extirper du lit, manquant de tomber par-terre. En riant, elle ouvrit son cell. et lu le texto de son meilleur ami. Sa première ''conversation'' de la journée.

.Superman.: Lili ? T'es là?
♥.Wonder.women.♥: Oui ?!
.Superman.: BON MATIN. Tu veux la =) ou la =( nouvelle?
♥.Wonder.women.♥: Oui, moi aussi je vais très bien. Contente que tu t'en informe. La bonne.
.Superman.: Il fait super beau à Paris.
♥.Wonder.women.♥: Et la mauvaise?
.Superman.: Tonton Freddy a eu une crise cardiaque.
♥.Wonder.women.♥: Il est .. mort?
.Superman.: Disons qu'il est très .. faible. Il lui reste plus beaucoup de temps Kay' .. Tu vas pouvoir venir le voir?
♥.Wonder.women.♥: J'en sais rien Josh .. J'aimerais seulement .. y'a les cours .. j'essaierais.
.Superman.: Promis?
♥.Wonder.women.♥: Promis.
.Superman.: Alors A+ Kay' Tu me manques, tu sais ..
♥.Wonder.women.♥: Moi aussi tu me manques. A+ Bisous.

Et elle l'avait fermé. Freddy allait mourir et elle ne pourrait sans doute pas être là. Le billet allait lui coûter cher et Kay' ne voulait pas demander d'argent à ses parents. Pas besoin de leur faire comprendre qu'elle n'avait pas les moyens de se l'offrir. La jeune femme pouvait toujours demander à Josh mais elle ne voulait pas lui demander d'argent. En allant rendre visite à tonton Freddy, elle pourrait revoir Josh! Ça serait bien .. Il lui manquait tellement et leurs petites conversations sms n'étaient pas suffisantes. Qui est Freddy me demanderez-vous. Il est le tonton de Josh. Le seul à mettre de l'action dans les party de familles, le seul à leur refiler de l'alcool en cachette. Un homme plein de vie et jeune pour ses 55 ans. Une crise cardiaque .. qu'elle idiotie. Il fallait qu'il meurt après une crise de coeur. La vie pouvait tellement être horrible. C'était le meilleur vivant que Kay' connaissait. Pourquoi ne pas avoir choisit l'arrière grand-père de Josh à la place? Lui, il ne demandait qu'à mourir, par n'importe quelle façon possible.

La vie .. La jeune femme en avait marre parfois. Elle pouvait être tellement imprevisible. Elle détruisait tant pour si peu de bon temps. Pas besoin de vous dire qu'elle, elle profitait de chaque petits moments qu'on lui offrait. Comme Paris lui semblait loin. Cette ville et ses habitants lui manquait terriblement mais l'academie où elle étudiait était celle de ses rêves et elle devait y rester. Trois ans. Après, elle serait libre de retourner dans sa ville natale, retrouver les gens qu'elle aimait. Ce serait extrèmement dur et long mais elle savait qu'elle en était capable. Alors .. retournons à nos moutons. Pas besoin de vous dire que la journée de Kay' venait de très mal débutée. Apprendre la mort proche de quelqu'un qu'on aime n'est pas le meilleure façon de se réveiller.

Une fois levée, elle se dirigea vers le frigo et sortit son jus d'orange matinal, se fit brûler deux toast et se fit du café. Après avoir bien mangée, Kay' prit sa douche et s'habilla. Slim, tunique colorée et ballerines. Elle laissa ses cheveux lousses, attrapa son thermos de café et prit son manteau. Une journée particulièrement nul en perspective. Une fois dans sa voiture, elle prit la direction de l'académie mais resta coincée dans un embouteillage. Quoi de plus génial que d'être coincée entre deux camions de livraisons et entourée de conducteur impatient qui s'amusent follement à faire retentir leurs klaxons. Elle se força à respirer calmement pour ne pas éclater en pleurs, une fois calmée, elle prit une gorgée de café et après une bonne vingtaine de minutes, Kay' était dans la stationnement de l'academie. Enfin.

Elle poussa l'énorme porte d'entrée, prit le couloir et s'arrêta devant son casier. La jeune Jefferson n'avait pas cours tout de suite mais décida d'attraper quelques bouquins pour s'avancer dans ses lectures obligatoires. Kay' referma son casier et réemprunta le couloir. Elle apperçue un jeune homme à l'allure peu recommandable qui s'était installé dans les escaliers pour lire un bouquin. Elle cherchait justement un coin pour lire elle aussi. Kaylie décida donc, malgré son air de tueur, de lui demander si elle pouvait s'installer à ses côtés.

Hum ... Excuse-moi, je peux m'asseoir?

Il y’avait deux solutions possibles. Soit, il n’existait pas de Dieu comme le prétendait les ¾ de la population de ce monde, soit –et c’était l’explication la plus logique- il existait bien un type, perché la haut en train de fumer les nuages, et ce sale vicieux ne l’avait pas à la bonne. Non, il le détestait purement et simplement. Sinon, comment expliquer la présence de l’intruse face à lui ?
Avec un geste d’une lenteur infinie, Zeke abaissa le livre de Primo Levi qu’il étudiait avant de lever son regard sur-maquillé de noir vers la jeune femme qui lui faisait face.
Typique.
C’était assurément une de ses foutues gosse de riches qui passaient des heures dans leur salle de bain le matin, à s’admirer sou toutes les coutures, flattant leur propre ego en contemplant leurs vêtements à la mode. Sauf qu’à chaque fois qu’ils quittaient leur salle de bain, habillés, coiffés et gonflés de narcissisme, ils oubliaient leur cerveau à l’intérieur…

La fille qu’il avait devant lui ne devait certainement pas échappé à la règle et semblait coller au profil. Maquillée avec soin, ses long cheveux bruns coiffés à la perfection, arborant des vêtements chics et sûrement hors de prix…ouais, elle était l’une des leur.
Et puis bordel qu’est-ce qu’elle lui voulait ?
On ne pouvait pas lui laisser deux minutes de paix non ?! Evidemment non, c’était trop demander et Dieu le haïssait…
Pourquoi fallait-il qu’elle s’asseye exactement là où il était ? Il y’avait d’autres escaliers ici, d’autres couloirs, d’autre pays ! Pourquoi fallait-elle qu’elle vienne le faire chier LUI ?!
A coup sûr, elle faisait partie de ces débiles qui venaient lui parler uniquement pour lui poser des questions du style : « pourquoi tu t’habille tout en noir ? » « Est-ce que tu as déjà sacrifié des animaux…ou des êtres humains ? » « Est-ce que tu mange des insectes ? »
Qu’ils aillent tous se faire mettre !

Zeke fixa la jeune femme en silence durant un long moment, se contentant de poser sur elle un regard chargé d’animosité. Il avait espéré qu’elle finirait par abandonner comme le faisait parfois certains face à son regard noir, mais non.
Elle resta plantée devant lui, attendant sagement une réponse, sans se démonter. Il ne l’avait encore jamais vue à l’école, ne connaissait pas son nom mais savait déjà une chose : il ne l’aimait pas. Elle était agaçante. Agaçante et collante.
Le jeune homme tiqua alors d’agacement et décida que lui répondre était sans doute la meilleure façon de se débarrasser d’elle une bonne fois pour toute.

-« T’fais c’que tu veux, c’est pas mon problème » Grogna t’il d’un ton froid

Il replongea ensuite son regard dans son livre et ne lui accorda plus la moindre attention. Qu’elle s’avise encore de le déranger et il la recevrait à sa façon...

Woua. Seulement à la façon dont il la dévisageait, elle savait qu'il la détestait déjà. Et après, il osait croire que tout le monde le jugeait sans le connaître quand lui faisait de même. Kaylie n'aimait pas se faire regarder de la sorte, puisqu'elle savait qu'il se faisait une fausse idée d'elle et la jeune Jefferson trouvait ça bien dommage. Ne te démonte pas se répétait-elle. Si elle tournait les talons, il avait gagné et elle était bien décidé à lui prouver qu'elle n'était pas qu'une gosse de riche qui aime la mode et les garçons. Au contraire, elle les craignait. Pourquoi était-elle allée vers lui? Elle n'aurait su dire. Cependant, Kay' savait qu'elle n'avait rien à craindre avec lui. Peut-être parce qu'il la détestait tout simplement. Il ne pourrait jamais lui faire du mal. Les paroles blessantes ne l'atteignait plus et jamais un garçon dans son genre pourrait lui briser le coeur. C'était scientifiquement prouvé.^^

Kaylie s'attendait au pire. Peut importe ce qu'allait sortir de la bouche du garçon en face d'elle, elle était prête. Elle ne se démonterait pas et comptait bien s'installer à côté de lui. Pourquoi lui? Elle ne savait pas du tout mais elle ne pouvait reculer, question d'honneur. Kay' lui adressa un petit sourire aimable et attendit le verdique. À son regard noir, dans tous les sens du terme, il croyait pouvoir l'effrayer. Peut-être qu'il était un peu sonné dans sa tête. Peut-être avait-il fumer quelque chose d'illicite? Kay' évita d'éclater de rire, sinon c'est elle qui aurait passée pour anormale. Toute son attention était posée sur les paroles qui allaient sortir de la bouche du jeune rebel. Déçevante à première vue. Aucune insulte, rien de bien aimable mais rien de méchant. On pouvait même croire qu'il était sympathique. Bon, n'allons pas jusque là. Kay' lui adressa un sourire radieux, plutôt ironique si on allait plus loin que l'apparence;

Merci. C'est gentil.

Elle s'installa à ses côtés, prit le premier livre de la pile, et se mit à lire. Il parlait du début du théâtre. Elle avait déjà lu le passage sur les grecs, sur le temps médiévale. Elle était rendue dans l'époque Élizabéthaine. Plutôt courte comme époque, sachant qu'elle ne dura que de 1564 à 1616, mais remplie de choses fascinantes sur le théâtre. Ce fut le temps de Shakespear avec sans doute son oeuvre la plus appréciée, Roméo et Juliette. Un temps de comédie et de tragédie. Souvent savament mélangé afin de donner des pièces éclatantes. Kay' posa son regard sur le jeune homme à sa droite. À première vue, il avait l'air d'un dur à cuire mais si on prenait la peine de le regarder, on se rendait compte qu'il était malheureux. La vie ne lui avait fait aucun cadeaux. Enfin, c'est ce qu'il devait croire. Déjà de l'accepter dans cette académie, c'était un cadeau non? Il devait être du genre pessimiste qui n'aime pas être sociable. Seulement être seul et avoir la paix.

Si tu es comme ça avec tout le monde, tu ne dois pas avoir une tonne d'amis, je me trompe? Mais bon, seul contre le monde entier pas vrai?

Kay' était franche, point barre. C'était un défault et une qualité mais elle savait très bien qu'elle ne ferait pas de mal à ce jeune homme en lui disant des choses du genre. Elle trouvait cependant que si elle souhaitait avoir une conversation avec lui, ce n'était pas en parlant du beau temps qu'elle allait l'optenir. Elle était prête à reçevoir des poignards verbales à tout moment mais peut-être déciderait-il de parler un peu? De lui montrer qu'il n'était pas qu'un sale type qui déteste le monde entier.

Une fois sa réplique cinglante lancée, Zeke avait gardé son regard cerné de noir figé sur les lignes du roman de Primo Levi. Il n’avait pas encore réussi à lire plus d’un paragraphe depuis son arrivée, et avait du mal à se concentrer. Et pour cause, son attention était, malgré lui, attirée par la jeune femme qui s’installait maintenant à ses côtés.
Il jeta un coup d’œil furtif dans sa direction, histoire de s’assurer évidemment qu’elle était à bonne distance.
Elle venait elle aussi de se saisir d’un bouquin et se mit à le feuilleter, la mine impassible, mordillant sa lèvre inférieur de temps à autre d’un air concentré.
Prudemment, il tenta de décrypter le titre de son livre, par simple curiosité. Evidemment, elle devait lire un de ces bouquins accablant et superficiels pour jeune filles orphelines du QI de sa catégorie…Mais il fut surprit de découvrir qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un de ces romans à l’eau de rose gnangnan qu’il avait l’habitude de voir entre les mains manucurées des filles de l’école. Il s’agissait vraisemblablement ouvrage sur la genèse du théâtre et son évolution.
En plus de savoir lire, elle semblait s’intéresser à des sujets plus passionnant que les vêtements hautes coutures et les histoires de « Brenda et Brian »…
Elle n’était peut-être pas complètement bonne à jeter en fin de compte.

La brune releva soudain les yeux de son livre pour les tourner en direction de Zeke qui, pour sa part, les recentra immédiatement sur le sien, espérant qu’elle n’ait pas repéré son petit manège. Mais apparemment non.
Il pouvait sentir son regard sur lui et n’aimait pas ça. Il avait l droit de la fixer, après tout, elle était venir envahir son espace vital, mais le contraire était intolérable ! Non mais, pour qui se prenait-elle à l'examiner comme ça ?
Zeke tenta de paraître très occupé par sa lecture, espérant qu’ainsi elle ne lui adresserait pas la parole…mais avec tout ça, il avait oublié que c’était une de ces journées pourries ou rien n’allait dans le sens qu’il voulait.

S’il avait prévu de la rembarrer froidement à sa prochaine intervention, lorsqu’il entendit ses propos, le jeune homme fut traverser par l’idée de lui enfoncer son fichu bouquin par le nez jusqu’à ce qu’il lui ressorte par…autre part.
Non mais pour QUI se prenait-elle ?!!
Qui était-elle pour venir se pavaner devant lui en faisant semblant de le connaître ?!
Si elle voulait jouer les psy, il y’avait un tas de dégénérés dans cette foutue école qui seraient ravie de venir s’étendre près d’elle pour lui compter le triste et pathétique récit de leur vie !
Qu’aille se faire foutre cette garce !

Zeke, qui avait tourné son regard sombre et mauvais vers elle, se décida enfin à prendre la parole près avoir laissé s’écouler un léger temps de silence. Il lui avait été nécessaire pour faire le tri dans ses pensées, ne pas lui hurler dessus et surtout, ne pas lui faire bouffer son livre.
Ca n’aurait pas été très glorieux et il avait assez de soucis avec la direction sans ajouter un meurtre à son CV…

-« Et j’peux savoir ce que t’en sais ? » Lança t’il finalement d’un ton dur « De toute manière, tu peux me dire ce que je ferai d’amis ? A quoi ça sert en fin de compte, à part à faire chier ? » L’interrogea t’il d’un ton cassant « L’amitié c’est comme l’amour, ça dur jamais longtemps. C’est juste une connerie inventée par l’Homme parce qu’il n’est pas fait pour la solitude et qu’il a besoin constamment de se sentir aimé, admiré, et tout ce qui s’en suit » Grogna t’il en refermant son livre que, de toute manière, il en pourrait plus reprendre maintenant « Je n’ai pas besoin de me sentir apprécié par quiconque. Je sais ce que je vaux et si je voulais de l’affection j’achèterai un chien !Les réflexions idiotes et déplacées d'une pimbêche dans ton genre ne m'intéressent pas le moins du monde. Alors ta morale tu peux te la carrer gentiment là où je pense » Conclut-il sans se défaire de son ton glacial et cinglant

Kay' savait bien que son arrivée venait déranger le jeune homme et pourtant, ça lui plaisait assez. D'une manière ou d'une autre elle allait l'énerver. 1. Indirectement. Il devait détester toutes les filles dans son genre. 2. En lui faisant comprendre directement qu'elle ne comptait pas le lâcher tant qu'il la jugerait pour ce qu'elle n'est pas. Et puis, elle n'était pas presser, son premier cours ne commencerait pas bientôt. Kaylie avait donc suffisament de temps pour parler avec franchise au jeune homme ''dark'' assis à ces côtés. Une question la chiffonait ; était-il habillé en noir pour avoir du respect ou seulement parce que c'était la couleur la plus déprimante qui existait sur cette terre? Et puis, pourquoi du maquillage sur le yeux? Pour avoir l'air d'un tueur ou bien simplement pour ''matcher'' avec les vêtements? La jeune femme remarqua que ses paroles avaient créés une véritable tempête dans le cerveau du jeune homme. Ses yeux lançaient déjà des éclairs et Kay' s'attendait au pire.

Ses paroles étaient quasiment typique. Il faisait bel et bien partis de ceux qui se mentent à eux-même. Qui ont besoin d'être soutenu mais qui le renie pour se donner une contenance. Il insultait qui bon lui semble mais quand on osait mettre en doute ce qu'il était, il explosait. Le visage de la jeune femme perdit son sourire et elle devint tout à coup extrèmement sérieuse. On ne rigolait pas avec ce genre de conversation. Lui faire comprendre son point de vue nécessitait d'être posée et intélligente dans ses réponses. Elle plongea son regard dans le sien et déclara d'un ton dur qu'elle n'utilisait que très rarement;

Si mes réflexions sont si idiotes et déplacées, pourquoi prends-tu la peine d'y répondre ?

Elle avait vu juste. Quand quelque chose ne nous intéresse pas, on ne prend pas la peine de gaspiller de la salive à quelque chose qui nous semble idiot. Or, les paroles de la jeune Jefferson devait avoir dérangée le jeune homme puisqu'il y avait répondu d'une façon totalement révolté. Un peu plus et il se mettait à hurler. Voyant qu'il ne prendrait pas la parole, elle le fit d'un ton moins dur;

Tu veux savoir ce que j'en sais? J'en sais que les amis c'est là pour nous soutenir. Quand on va mal, ils sont là pour nous remonter le moral mais ils sont aussi là pour passer du bon temps et pour rire. Sans ami, on ne peut pas vivre pleinement. Tu en es la preuve. Est-ce qu'il t'arrive de sourire et d'aimer la vie? Elle prit une pause pour donner le temps au jeune homme d'encaisser ses paroles. Puis; Et il y a l'amour. Un sentiment bien particulier qui peut nous rendre rageur, malheureux ou bien en vie. L'amitié ou l'amour n'existe pas pour se sentir admiré. Seulement pour vivre plus pleinement. Rencontrer d'autres personnes nous rends à coup sûr, meilleur. Voilà ce que j'en penses. Je sais bien que tu t'en moques et que tu ne souhaites qu'une chose; que je m'en aille. Et c'est bien dommage parce que j'étais certaine, en te parlant, de devenir meilleure.

Kay' lui adressa un sourire déçu avant d'entreprendre de ramasser ses bouquins qu'elle avait étalés autour d'elle. Avait-elle déjà perdue le combat qu'elle s'apprêtait à mener contre les pensées pessimistes du jeune homme? S'avouait-elle déjà vaincue? Peut-être bien que oui. La seule chose qui la retenait à de ne pas attraper ses livres en vitesse et à partir était la réaction qu'elle attendait du jeune homme en noir. Des paroles blessantes ou pas, peut lui importait, elle voulait simplement savoir ce qu'il en pensait. S'il ne disait rien, elle partirait et sans doute, ne le reverrait plus et ce serait dommage. Elle était convaincue qu'il pouvait lui apporter quelque chose, si seulement il ne la jugeait pas pour quelque chose qu'elle n'était pas.

Décidément, le jeune femme qui se tenait devant lui était tout ce qu’il y’a de plus chiante !
Elle ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire et s’essayait à la psychanalyse sur lui, ce qui avait le don de l’agacer prodigieusement. A condition bien sûr qu’il soit possible de l’énerver plus encore…
Une question simple et redondante trottait dans sa tête, l’empêchant de se concentrer sur autre chose. Cette question était la suivante : pour qui se prenait-elle ?
Elle pensait peut-être avoir déjà tout vu, l’avoir cerné en quelques secondes en se basant sur son style de fringues et sur ses réactions face à ses propos. Elle se foutait le doigt dans l’œil jusqu’au coude la bougresse !
Pourquoi répondait-il à ses remarques ? C’était une foutue bonne question à laquelle il serait ravie de fournir une réponse ! Peut-être était-ce parce qu’elle était lourde en plus d’être laide et qu’il voulait s’assurer en lui répondant de manière claire, mauvaise et précise, qu’elle ne viendrait plus zoner près de lui et polluer son si précieux oxygène !
Peut-être était-ce parce que ses paroles sur l’amitié l’avaient touchées…non, jamais de la vie. Elle était juste terriblement soûlante et il voulait lui faire fermer le claque merde qui lui servait de bouche !

Mais alors qu’il allait répliquer quelque chose de cinglant, la jeune femme reprit la parole, utilisant ce ton snobinard et compatissant qu’il détestait tant. Il aurait préféré, et de loin, qu’elle continue sur sa lancée et garde le ton froid qu’elle avait commencé par employé.
Qu’est-ce qu’elle cherchait ? A l’amadouer…à devenir son amie ? Bon sang rien qu’à cette idée, il avait envie d’aller se pendre quelque part. Quelque part loi, très loin d’elle et de ses discours enflammé sur l’amitié…
Elle était en effet lancé dans une tirade ennuyeuse à mourir sur la définition de l’amitié selon les débiles aveugles et candides. Pathétique. Le pire dans tout ça c’est qu’elle croyait en ce qu’elle disait.
Mais lui il savait.
Il savait ce que c’était l’amitié. Il savait aussi que ça ne voulait rien dire, que toutes ces belles promesses finissaient pas se rompre et que ça n’était pas fait pour durer…

Flash-back

Zeke se penche vers le garçon d’un air exagérément suspicieux, son petit nez retroussé et ses yeux plissés à l’extrême. Il le renifle bruyamment, plus pour l’intimider que pour réellement sentir son odeur. Ca marche. L’autre à un mouvement de recule.
Mais il se ressaisit bien vite, son regard mêlé de crainte et d’envie se posant à nouveau sur le garçon qui l’examine avec attention.
Et puis finalement, ce dernier se redresse, un sourire amusé et triomphant étirant ses lèvres abîmées à cause du coup qu’il a reçu la veille à l’école.

-« Tu me plais bien » lance t’il le plus naturellement du monde avant de bousculer son nouveau camarade de jeu amicalement

Ce dernier lui rend son sourire, apparemment soulagé d’avoir passé le test, et il lui met un petit coup dans l’épaule à son tour, faisant rire son vis-à-vis de bon cœur.
Ouais, ce petit lui plais bien, même si ses cheveux collent, que ses vêtements sont trop propres à son goût et qu’il a l’air coincé.

-« C’quoi ton petit nom ? »

-« Je m’appelle Nathan »

-« Mouais…ça ira. Moi c’est Dorian, mais tout le monde m’appelle Zeke » Réplique le gosse avec une fierté non dissimulée « Tu veux jouer à quoi ? »

-« J’sais pas…t’as quoi comme jeu ? »

-« J’ai des dinos là-bas puis un soldat que j’ai piqué à Alfred Pierson de mon école. Ce nul c’est rendu compte de rien ! » Explique t’il en montrant son nouveau jouet à Nathan

-« Waaaah ! Tu me le prête dis ?! »

-« Ouais s’tu veux » Fait Zeke dans un haussement d’épaules en lui tendant le personnage armé

-« Merci »

-« Le dernier arrivé à la butte est une moule pas fraîche ! »

***

Zeke s’enfile une nouvelle gorgée de bière, la mine pensive, son regard clair posé sur le feu de camp qui crépite joyeusement devant lui.

-« A quoi tu pense ? »

Le jeune homme relève les yeux et tourne sa tête vers Nathan qui est en train de tirer sur son joint, l’air interrogateur.

-« Je me demandais si on serait encore potes tous les deux dans 10 ans » Répond Zeke d’un ton neutre

-« Non »

-« Non ? » L’interroge le jeune homme sans vraiment se vexer, simplement intrigué par sa réponse « Pourquoi non ? »

-« Parce que d’ici là, tu m’auras avoué ton homosexualité et j’aurai fui le pays au volant de ma Porsche »

-« Tss t’es un gros naze tu le sais ça ? » Se contente de répliquer Zeke dans un haussement d’épaule, ne prêtant pas attention au sourire moqueur de son meilleur ami « Non sérieusement Nath’ tu pense qu’on sera toujours potes ? »

-« Evidemment qu’on le sera tête à claque. Et puis on sera des stars ! On fera des films à succès ! Moi je serai l’acteur parce que j’ai le physique, et toi tu me filmeras dans mes exploits parce que…t’as pas le physique » Conclu Nathan avant de porter à nouveau son joint à ses lèvres

-« Des films de drogués ouais… » Pouffe Zeke en buvant à nouveau

***

Zeke se saisi du combiné d’un geste hésitant. Il sent quelque chose. Quelque chose qui lui noue les entrailles et l’empêche presque de respirer. Mais il n’arrive pas à savoir ce que c’est.
Il approche le téléphone de son oreille, mal à l’aise. Il a une soudaine envie de pleurer mais ne peut se l’expliquer.

-« Allô ? »

Le jeune homme veut raccrocher, mais c’est trop tard.
Le silence.
Pesant, insupportable.
Comme le calme avant la tempête.
Il est arrivé quelque chose, il le sait. Il le sait depuis qu’il a été réveillé par la sonnerie insistante du téléphone. Après tout, personne n’appelle pour de bonnes nouvelles à 4h du matin.

-« Zeke ? ...C’est…c’est Nora »

Il ne reconnaît pas sa voix. Elle est faible, lointaine. Elle n’a plus rien à voir avec cette voix guillerette et chaleureuse qui l’accueillait lorsqu’il venait rendre visite à Nathan.

-« Qu’est-ce qui s’passe ? »

Mais il le sait déjà ce qu’il se passe. Il a comprit.

-« Il…il a eu un accident de voiture Zeke. Il est…Nathan est mort »

Fin du flash-back

Non. L’amitié n’était pas faite pour durer. Elle pouvait se bercer d’illusion tant qu’elle voulait, croire en ce qu’elle voulait, mais lui, il n’était pas dupe et il n’y croirait plus. Jamais.
Ca faisait trop mal.

Zeke observa la jeune femme rassembler ses affaires, et il réalisa alors que toute trace de colère l’avait déserté. Il ne restait plus que des souvenirs pénibles, du chagrin et une petite dose de honte qui venait pointé vicieusement…
Peut-être s’était-il laissé emporté. Peut-être avait-elle raison sur quelques points.
En tout cas une chose n’avait pas changé, elle restait chiante !
Il était tellement habitué à ne se faire aborder que par des idiots cruels et dénué d’humour qu’il en avait presque oublié que des personnes censés parcouraient ces couloirs.
Mais il avait sa fierté. Et il avait besoin d’être seul.
De toute manière, elle pouvait bien faire ce que bon lui semblait, il n’en avait rien à faire. Qu’elle se tire si elle voulait, qu’elle reste si elle voulait.
Il n’avait besoin de personne.

-« T’abandonnes vite » Lança t’il simplement

Ca n’était pas vraiment pour l’agacer, ni pour la retenir ; ça n’était pas pour qu’elle insiste ou recommence à déblatérer sur l’amitié ou encore cette curieuse notion qu’était l’amour ; c’était juste pour…ne pas laisser mourir leur conversation ?
Peut-être qu’en fin de compte, c’était pour qu’elle ne parte pas…

Kay' en avait rencontrée des gens. Elle adorait discuter avec tout le monde parce qu'elle en apprenait toujours davantage. Mais ce jeune homme assis près d'elle était différent. Différent de ce qu'elle avait pensée de lui dès qu'elle l'avait vu, différent de ce que les autres pensaient de lui à longueur d'année. La jeune Jefferson attendait une parole qui déciderait si elle partait ou restait. Et ce fut la deuxième option qu'elle choisie. Si elle abandonnait vite? En y pensant, oui .. Pourtant, elle n'en avait pas l'habitude. Kaylie se battait pour ses idées, pourquoi était-elle prête à renoncer? Peut-être parce que le jeune homme était imposant et mettait en doute ses paroles? Peut-être qu'elle était effrayée d'ouvrir les yeux et de réaliser que les valeurs auquelles elle tenait tant, n'était qu'illusion. Abandonner était une chose, se faire abandonner en était une autre.

.FLASH-BACK.

Il y a de cela deux ans. Kaylie avait organisée un party chez elle, ses parents s'étant absentés pour le week-end. Tout allait pour le mieux; tout le monde s'amusait. Elle avait perdue Jake, son petit-ami, de vue mais il y avait tant de monde qu'il lui semblait normal de s'égarer. Bref, elle venait de se faire renverser un verre de punch sur sa robe et ouvrit la porte de sa chambre pour se changer ..

Qu'est-ce que .. Oh non .. DEHORS.

De grosses larmes roulaient le long de ses joues. Jake et sa meilleure amie. C'était impossible! Amber s'était précipitée en dehors de la chambre et était sortie de la demeure. Jake, lui, avait tenté de s'expliquer, mais en vain ..

Jake > Écoute Kaylie ..
Kaylie > SALAUD !

Giffle douloureuse. Kay' avait hurlée et plusieurs invités s'étaient retournés pour constater ce qui se déroulait. La jeune femme, elle, avait mal. Extrèmement mal et les larmes coulaient malgré elle.

Jake > On voulait pas te faire de peine .. C'est juste que ..

Il s'était mérité un coup de poing sur le nez. Jamais Kay' n'avait lever le main sur quelqu'un. Excepté à cet instant. La jeune femme secoua sa main, une douleur sans nom la lui meurtrissait. Elle su par la suite qu'elle le lui avait cassé. Jake l'avait regardé, visiblement surpris par la tournure des évènements. Il porta sa main à son nez qui saignait. Un seul signe et tout le monde sortit en courant. D'un geste ferme, la jeune femme pointa la porte d'entrée du doigt.

Kaylie > Vous avez tous cinq secondes pour quitter ma demeure. 5 .. 4 .. 3 .. 2 .. 1

Jake fut le premier à déguerpir, suivit de près par tous les invités. Il ne restait plus que Kaylie et Josh, son meilleur ami. C'était bien le seul à se soucier d'elle. Il la prit dans ses bras puis, sachant qu'elle avait besoin d'être seule, était sortit d'un pas las. C'est seulement quand il ferma la porte qu'elle éclata en sanglots. Elle avait eut le malheur d'avoir fait confiance à des gens qui ne la méritait pas. Kay' avait été si idiote de croire à cette illusion qu'était l'amour. La seule chose qui l'avait retenue à continuer à croire en l'amitié était celle que lui portait véritablement Josh. Sans lui, elle n'était rien.

.Fin du FLASH-BACK.

Depuis ce moment, elle avait beaucoup de difficultés à faire confiance aux autres. Elle avait peur d'avoir à nouveau mal. Mal à en mourir. La jeune Jefferson posa son attention sur le jeune homme et eut un petit sourire. Elle se redressa, laissant ses livres par-terre et lui dit;

Oui .. Et étonnament ce n'est pas coutume chez moi. Et si on oubliait tout jugement et qu'on recommençait depuis le début ?

Espérant de tout coeur qu'il ne l'envoie pas promener, Kaylie se demandait s'il accepterait de discuter avec quelqu'un qui ne faisait visiblement pas partit de son monde. Ils étaient tout deux très différents l'un de l'autre mais pourtant, Kaylie était convaincu que c'était ce pourquoi ils devaient en apprendre davantage sur l'autre. Après tout, on apprend beaucoup avec une simple conversation. Kay' était intriguée par le jeune homme et souhaitait en savoir plus. Ce pourquoi il était lui.

HJ: Désolée, par terrible ^^'

HJ : où ça pas terrible ?! Toute manière on demande pas la lune, juste 15 lignes agréables à lire et c'est ce que tu as fais Wink

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Etrangement, il avait attendu la réponse de la jeune femme avec une certaine appréhension. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Depuis quand est-ce qu’il recherchait la présence des autres ? Depuis quand s’embêtait-il à rattraper une nana qui l’avait dérangé ?! Non mieux : depuis quand n’avait-il pas eu une conversation avec quelqu’un d’autre que sa mère ou la directrice de cette fichu école ?!
Peut-être qu’elle avait un brin raison en fin de compte…peut-être qu’il avait besoin de "quelqu’un". Pas d’une amie, ni d’une petite-amie régulière évidemment. Non ça il pouvait très bien s’en passer pour le moment. Mais juste une personne à qui parler, de temps à autres, quand l’envie lui en dirait.
Peut-être que la brunette qui lui faisait face pourrait être cette personne.
A moins qu’elle ne se foute de sa gueule depuis le début et qu’en fin de compte, elle veuille la même chose que tous ses autres camarades de classe, à savoir : l’humilier.

Sa voix s’éleva soudain, le tirant de ses pensées qui commençaient à dériver une fois de plus vers le pessimisme. Elle lui proposait de reprendre depuis le début.
L’idée était assez séduisante…
Et en même temps, il y’avait toujours ce sentiment de suspicion qui refusait de le quitter. Jouer les gentils pour mieux le piéger, on le lui avait déjà fait et ça lui avait valu une nuit au poste.
Evidemment, il avait envie de se laisser tenter. Et puis après tout, il n’était plus aussi naïf que la dernière fois, il pourrait voir venir le piège cette fois…du moins avec un peu de chance.
Sans compter que son interlocutrice, dont il ignorait toujours le prénom, semblait sincère.
Mais pourquoi est-ce qu’il avait fallu qu’elle vienne le déranger et l’oblige à se prendre la tête comme ça ?! Dès le matin en plus, et alors qu’il avait la gueule de bois !

La fille le fixait, un léger sourire flottant sur ses lèvres élégamment peintes, attendant sa réponse à lui avec une pointe d'inquiétude et d’envie mêlées.
Zeke l’étudia encore un moment, pesant le pour et le contre.
S’il l’envoyait bouler (chose qu’il avait bien envie de faire tout de même) il n’aurait peut-être plus personne à qui parler ici et il risquait de passer à côté de "quelque chose". En même temps, il n’était pas là pour se faire des amis…
Mais d’un autre côté, poursuivre leur conversation, ou plutôt en recommencer une sur d meilleurs bases, était des plus tentant.
Qui sait, peu-être que tout se passerait bien. Peut-être qu’elle n’était pas aussi naze et coincée que toutes les autres filles du campus…

Ne se laissant plus le temps de réfléchir, le jeune homme, qui jusque là était resté installé dans les escalier, se redressa pour faire face à la fille.

-« Ca m’va » Annonça t’il d’un ton impassible

Le sourire de sa vis-à-vis s’élargit d’avantage. Apparemment, il avait répondu ce qu’elle attendait.
Pour sa part, il se contenta de la fixer avec neutralité de ses yeux cernés de noir. Après un léger silence, il reprit la parole.

-« J’m’appelle Zeke »

C’était probablement la meilleure chose à dire lorsqu’on décidait de reprendre une conversation depuis le début et qu’on voulait qu’elle débute sur de bonnes bases…

HJ: C'est gentil =)

Kaylie attendait une réponse. Elle tenta de faire le ménage dans ses pensées et chassa tous les jugements qu'elle était portée à avoir envers lui. Il était différent et alors? Kay' avait toujours appréciée les gens qui sortaient de l'ordinaire. La preuve, son meilleur ami était tout sauf normal. Une véritable machine à idioties, parlant sans arrêt et faisant toujours les choses à sa manière. La jeune Jefferson avait passée toute son adolescence avec lui. Ses autres amis n'approuvaient pas cette amitié puisqu'ils le trouvaient trop .. étrange. Pourtant, ils avaient du vivre avec puisque jamais Kay' ne l'avait laissée tombé. Comme il pouvait lui manquer ! Ils étaient séparés depuis qu'elle était partie à Londres et elle se sentait étrangement seule sans lui. La jeune femme sortit de ses pensées quand Zeke prit la parole.

Il était d'accord pour recommencer à zéro. Le sourire de Kaylie s'agrandit. Elle ne pouvait pas cacher son étonnement. Lui, qui pensait qu'il n'avait besoin de personne, venait d'accepter de discuter en bons termes avec une inconnue qui, visiblement, l'agaçait au plus haut point. Kaylie s'appuya contre la rampe d'escalier et l'écouta se présenter. Simple, clair et précis. Il s'appelait donc Zeke. Enfin .. ça pouvait laisser croire que c'était plutôt un surnom .. personne ne s'appelait Zeke .. à moins qu'il ne soit originaire d'un pays lointain. Bref, la jeune Jefferson cru bon de se présenter à son tour.

Moi c'est Kaylie. Tu peux m'appeler Kay' .

La jeune femme réfléchissait à ce qu'elle pouvait bien raconter ou lui demander. Elle souhaitait avoir une conversation sans embrouille mais .. quel sujet pouvaient-ils bien aborder? Ils étaient si différents et elle ignorait quel point commun ils avaient. De quoi pourraient-ils bien discuter? Jamais Kaylie ne s'était posée autant de questions pour simplement discuter avec quelqu'un. Elle se posait néanmoins une question.

Dit Zeke, pourquoi le noir?

Elle n'avait pas posée cette question pour le faire réagir ou quoi que ce soit. Elle se demandait simplement pourquoi portait-il que du noir. Était-ce une façon de vivre en marge de la société ou était-ce seulement sa couleur favorite? Kay' l'ignorait et était intéressée par la réponse, enfin, s'il lui en donnait une. Pourtant, cette question n'était rien comparée à celle qui lui trottait dans la tête; Pourquoi cherchait-elle à mieux le connaître? Pourquoi lui? Elle aurait pu allée vers des étudiants bien plus sympathiques et appréciés de tous. Pourquoi être allée vers Zeke? Peut-être est-ce qu'il lui faisait un peu penser à Josh. Après tout, il n'avait pas peur d'assumer ce qu'il était, tout comme son meilleur ami.

En le regardant davantage, Kaylie était certaine de se qu'elle avançait quand elle pensait qu'il était malheureux. Comment peut-on se sentir en vie si on est seul et sombre, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur .. ? Kaylie ne comprenait pas le choix qu'il avait fait en se mettant en ''marge'' de la société. Peut-être avait-il vécu quelque chose d'horrible? Bien pire que ce qu'elle avait vécue .. Oui, c'était peut-être ça. Il avait vécu un ''traumatisme'' et ne savait plus comment vivre avec !? Kay' ne savait plus quoi penser et elle ne comptait certainement pas lui poser se genre de questions, s'était beaucoup trop indiscret après tout .. Elle se contenta donc d'attendre une réponse de sa part.

A mesure qu’il se présentait, le jeune homme pouvait sentir un nœud se former au creux de son estomac. Engager une conversation n’était plus dans ses habitudes. En règle général, et ce depuis plusieurs mois, il se contentait de se disputer avec tout le monde et les seules conversations qu’il entretenait avec les gens qui l’entourait ressemblaient plutôt à des joutes verbales.
A part avec sa mère évidemment. Mais à son âge, avoir sa mère pour seule amie, ça craignait légèrement…
Tout ça lui paraissait d’autant plus étrange que la personne à qui il parlait actuellement l’avait agacé prodigieusement une minute à peine plus tôt. C’était plutôt surréaliste, et à vrai drire, franchement désagréable !

Après quelque secondes, un sourire affichée sur ses lèvres, la jeune femme se présenta à son tour, s’appuyant sur la rambarde de l’escalier dans son dos. Elle se mettait visiblement à l’aise. Prévoyait-elle qu’ils parlent ensemble pendant des heures ? Si c’était le cas, elle pouvait aller se faire voir ! Il n’était pas là pour devenir son ami ni même pour…
Il fallait qu’il se calme, c’était un geste des plus anodins.
Et puis de toute manière, s’il n’arrivait pas à se détendre ou si elle recommençait à l’agacer, il n’aurait qu’à partir.
Fuir était après tout une de ses spécialités…

Au moins, elle ne lui avait pas fait de réflexions sur son prénom qu’il savait pour le moins étrange. Il l’affectionnait particulièrement et ne se servait de toute manière plus de son véritable prénom depuis le départ de son père, mais il était vrai qu’il assez…original.
Le prénom de la jeune femme était un peu plus traditionnel mais néanmoins charmant avec une consonance plutôt exotique qui lui plaisait bien.

Il resta impassible, comme toujours, ne laissant rien paraître d’aucun sentiment que ce soit, se contentant de la fixer alors qu’un silence un brin mal à l’aise s’installait déjà entre eux.
Leur conversation aura été de courte durée, à moins que…

Kaylie finit par reprendre la parole –chose que lui n’était pas décidé à faire pour le moment- lui demandant pourquoi il portait/aimait, le noir.
Et voilà, on en revenait toujours au même questions ! Pourquoi le noir, pourquoi du maquillage, est-ce que tu as déjà tué quelqu’un…Pathétique !
Elle était comme tous les autres !!!

L’espace d’un instant, il senti la colère revenir, puissante et sournoise, mais il tenta cette fois de la maîtriser. Il n’avait dénoté aucun jugement, aucune curiosité malsaine dans son intonation. C’était juste…une question. Elle semblait s’intéresser à lui, sans qu’il sache pourquoi, et, après un temps de réflexion, il se dit qu’elle méritait une réponse.

-« Et pourquoi pas Kay ? » Lâcha t’il simplement

Simple, clair, net, précis. Elle n’en obtiendrait pas plus. De toute manière, il n’avait pas vraiment de réponse à formuler et ne s’était jamais vraiment posé la question lui-même.
Pourquoi le noir ?
Ca n’était pas vraiment pour se donner un air rebelle. Peut-être pour effrayer un peu les gens et ne pas leur donner envie de l’approcher. Peut-être pour essayer de faire comprendre aux autres qu’à l’intérieur comme à l’extérieur, tout était sombre, qu’il avançait dans l’inconnu, dans le noir.
Ou peut-être parce qu’inconsciemment il était toujours en deuil et que c’était la couleur la mieux adaptée...